Etude d'une oeuvre théatrale
Salut. Aujourd’hui nous étudions le lion et la perle de wole sonika.
Introduction
générale
L’Afrique
s’identifie par des réalités socioculturelles qui définissent sa civilisation.
Mais la colonisation et son école ont créé chez beaucoup d’Africains la perte
de leur identité culturelle. On pourrait oser dire que plus rien n’est comme
avant, l’Afrique n’est plus l’Afrique authentique. Les valeurs sont foulées au
pied, les coutumes désacralisées, les us démythologisés, les civilisations
diabolisées, la vie elle-même dévitalisée… Le constat est amer. La
désolation est grande. Le cri de révolte se fait automatique et instinctif… De
tout cela, à travers son ouvrage le lion et la perle, Wolé Soyinka rend
compte avec l’ironie et la franchise qu’on lui connaît, et même qu’on ne lui
connaît pas toujours. Le présent document présente une étude intégrale de cette
œuvre sans oublier de retracer un tout petit peu la vie de Wolé Soyinka et de
présenter les œuvres qu’il a écrites.
I- La Biobibliographie de l'auteur
A- La biographie de l'auteur
Né
en 1934 au Nigeria, Wolé Soyinka a vécu dans ce pays qui souffrait encore du
joug colonial britannique. Dès son plus jeune âge, il fait le choix courageux
de s’impliquer dans le combat de son pays pour retrouver son indépendance.
Ayant intégré l’université à Ibadan avant de poursuivre ses études en
Grande-Bretagne, il traite à travers son œuvre littéraire, qu’elle soit
théâtrale, poétique ou encore romanesque, le passé mythique de l'Afrique et les
nombreuses difficultés de ce continent que le colonialisme n’a fait qu’aggraver
par la suite. Une emprise qui demeure présente encore même les pays africains
ont retrouvé leur indépendance depuis. Il se fit remarquer une première fois
sur la scène littéraire en publiant Le lion et la perle. Souvent persécuté par
le pouvoir en place, Wolé Soyinka est victime d’arrestation arbitraires et
d’incarcération qui le sont tout autant à partir de 1960. Une oppression due à
ces écrits très critiques envers le régime qui dirigeait son pays d’une main de
fer. Quatre ans plus tard, il doit une nouvelle fois faire face aux exactions
de la dictature qui lui reprochait, soi-disant, le fait d’avoir voulu occuper
une station de radio dans le but de bloquer la diffusion de résultats truqués
lors d'une élection. Il pourra néanmoins compter sur le soutien et la
mobilisation d'un certain nombre de grands écrivains à l’image de Norman Mailer
ou encore William Styron. En 1967, alors que la guerre civile venait tout juste
d’éclater, il est accusé par le régime en place d'avoir aidé les rebelles du
Biafra pour se procurer des armes. Cette accusation lui vaudra vingt-sept mois
de prison dans des conditions difficiles. Durant sa détention, il continua
néanmoins à écrire sur tous les bouts de papier qu'il peut se procurer: ces
notes de prison seront ensuite compilées et publiées en 1972. Libéré de prison
en 1969, il prend la tête du département d'études théâtrales de l'université
d'Ibadan, passe ensuite cinq ans en Europe, travaille pour le grand journal de
l'Afrique, Transition, et enseigne à l'université du Ghana ainsi qu'à
Cambridge. En 1975, il retrouve son Nigéria et reprend sa carrière
universitaire sans pour autant renoncer à son militantisme politique. Ses
nombreuses pérégrinations l’ont mené à des universités prestigieuses comme
Yale, Harvard, Cambridge et Cornel où il a pu inculquer son savoir à des étudiants
venus du monde entier. En 1986, il reçoit le lauréat du prix Nobel de
littérature. Il est le premier africain à avoir reçu cette consécration.
B-
La bibliographie de l'auteur
Wolé
Soyinka est auteur de plusieurs œuvres littéraires publiées en anglais pour la
plupart dont voici la liste:
·
Le lion et la perle (1959) ·
Aké, les années d'enfance (1984) ·
Cet homme est mort (1986) ·
Une saison d'anomie (1987) ·
Cycles sombres (1987) ·
Les Interprètes (1991) ·
La route (1993) ·
Ibadan, les années pagaille. Mémoires :
1946-1965 (1999) |
·
La Danse de la forêt (2000) ·
Les gens du marais (2000) ·
La mort et l'écuyer du roi (2002) ·
Il te faut partir à l'aube (2007) ·
Requiem pour un futurologue (1990) ·
Fous et spécialistes (1990) ·
Du rouge sur les feuilles de Cam (1990) ·
La récolte de Kongi (1988) ·
La Barrière de jacinthes (1999) |
II-
Présentation de l'œuvre
A- Structure de l'œuvre
L’ouvrage
Le lion et la perle de Wolé
Soyinka est une pièce de théâtre structuré en trois (03) parties.
L’exposition:
la demande en mariage de Sidi par Lakunle (pages 1 à 25).
Lakunle l’instituteur du village
profite de l’occasion qui lui est offerte un matin pour faire sa déclaration
d’amour à Sidi, la perle du village.
Le
nœud: l’envie du lion
de prendre pour femme la perle du village (pages 27 à 39).
Sadiku, la vielle femme, chef du harem
de Baroka, informe Sidi de la volonté de celui-ci de la prendre pour épouse.
Sadiku avoue son échec à Baroka qui prétend être devenu impuissant.
Le
dénouement: le mariage du
lion et de la perle (pages 41 à 69)
Sadiku révèle le secret du roi à la
Jeune Sidi qui plus tard est tombée dans le piège. Sidi n’étant plus vierge se
marie avec le Lion sans dot.
B-
Étude de quelques figures de style
Quelques figures suivis de leurs
exemples dans l’œuvre :
v La
personnification:
c’est une figure de style qui consiste à attribuer les traits humains à un
objet inanimé.
Exemple:
« c’est le Lion qui m’envoie. »
(Page
29)
v L’accumulation: c’est un
procédé qui consiste à accumuler dans une même phrase plusieurs idées.
Exemple:
«Coutume
sauvage barbare, démodée, rejetée, dénoncée, maudite, excommuniée, archaïque,
dégradante, humiliante, inutile, rétrograde, aberrante, imbuvable. » (Page 14)
v La comparaison: c’est un
procédé qui consiste à rapprocher deux éléments.
Exemple:
«Sidi,
tu aurais beau être énorme ou tordue, et couverte d’écailles comme une sirène.»
v La métaphore: c’est une comparaison elliptique
c’est-à-dire sans terme de comparaison.
Exemple:
«Baroka
est une créature sauvage.»(Page 71)
v
L’anaphore : consiste à répéter un mot plusieurs fois au
début de chacune des lignes d’une strophe ou non, des propositions ou des
phrases.
Exemple:
« Roi du jour et de la nuit ! Roi des perles ! Roi des
trésors ! Roi des rois ! » (Page 70)
v
L’oxymore : c’est une figure de style qui relie deux
termes contradictoires.
Exemple:
«on se hâte lentement dans la vie»
v La
gradation :
figure de pensée ou de style qui consiste en une succession de mots,
d’expression ou d’idées formant une progression ascendante ou descendante
Exemple: « il clame, crie, hurle son innocence»
C- Résumé de l'œuvre
La
pièce s'ouvre sur une scène de salle de classe où Lakunle enseigne à des
enfants d'une dizaine d'années. Sidi passe et un dialogue s'installe entre les
deux protagonistes. Lakunle commence par critiquer Sidi sur sa manière d'être,
son habillement qu'il juge trop traditionnels. Alors que Sidi fait mine de
partir, il lui avoue son amour et la demande en mariage. Sidi refuse car
Lakunle ne veut pas payer la dot, pratique qu'il juge archaïque et inutile.
Lakunle, en effet voyageur reconnu dans le village, a fait un livre de
photographies sur ce dernier, livre dans lequel Sidi tient la place principale
avec des photos en couverture et sur deux pages intérieures. Sidi est flatté et
son égoïsme en ressort grandi. Sadiku, la vielle femme, chef du harem de
Baroka, intervient alors en informant Sidi de la volonté de celui-ci de la
prendre pour épouse. Sidi refuse, malgré les promesses de Sadiku d'une position
privilégiée comme dernière femme. La jeune femme argue de sa célébrité et
rétorque que Baroka ne veut se marier avec elle que pour s'approprier sa nouvelle
célébrité. Sadiku retourne porter la nouvelle de son échec à Baroka, qui change
alors de tactique en prétendant être devenu impuissant il y a quelques temps,
et en faisant promettre à Sadiku de garder ce secret. Sadiku ne peut s’empêcher
de révéler ce « secret » à Sidi qui ne résiste pas au plaisir d'aller taquiner
le chef sur sa prétendue perte de virilité. Elle tombe ainsi dans le piège et
quand elle ressort du palais de Baroka, elle n'est plus vierge. Lakunle
l'apprenant, est d'abord très heureux, il pense pouvoir se marier avec la Perle
sans avoir à débourser de dot, vu qu'elle a perdu sa virginité. Mais Sidi lui
annonce en personne qu'elle a choisi de se marier avec le chef. La pièce se
termine sur une scène de danse lors du mariage du Lion et de la Perle.
III- Étude des personnages
A- Les personnages principaux
Baroka : c'est le Balè, le chef du village
Ilunjilè. C'est un homme plein de ressources et c'est lui que le titre le Lion
désigne. Malgré son âge de soixante-six ans et ses soixante-trois enfants, il
désire prendre la belle Sidi pour épouse.
Lakunle : c’est l'instituteur du village.
Influencé par les idées occidentales, il veut apporter son idée de la modernité
au village pour la simple raison qu'il en a la possibilité. C'est un homme
arrogant mais aussi ridicule, tant dans sa façon d'être que dans son
accoutrement : il porte un costume à l'occidentale dont des parties sont soit
trop petits soit trop grands pour lui.
Sidi : c'est la Perle de la pièce. Cette
jeune femme, la plus belle du village, est comme les villageois ancrée dans la
tradition. Courtisée par Baroka et Lakunle, sa beauté la rend un peu imbue
d'elle-même.
Sadiku : cette vieille femme rusée est le chef
du harem de Baroka. Elle l'aide à tendre un piège à Sidi pour que cette
dernière en vienne à épouser le chef.
B- Les personnages
secondaires
Les trois(03) jeunes filles: ce sont des villageoises comme Sidi. Ami de
celle-ci, l’une d’entre elles se fait taquiner par Lakunle au cours de la
reproduction d’une scène qui leur est tous commune.
La favorite: c’est la dernière femme du Baroka.
Le lutteur: c’est un jeune homme robuste et fort qui a
essayé de défier le Lion au cours d’un
duel en présence de Sidi.
IV-
Étude des thèmes
A- Thèmes principaux
Parmi eux, on peut citer : le
traditionalisme, le modernisme, la femme.
ü Le modernisme
Le
modernisme est le thème majeur de la pièce. La modernité fait partie d’un
caractère moderne précisément qui appartient ou convient au temps présent ou à
une époque récente. De plus rajeunir, rendre plus moderne, mieux adapter au
technique précédentes, est la faite d’être moderniser. Le modernisme est donc
la recherche, le gout de ce qui est moderne. Le moderniste de cette œuvre est
Lakunle. Pour lui, il faut évoluer avec le temps ; ce qui l’amènera à
vouloir changer les pratiques traditionnelles qu’il qualifie de rétrogrades en
refusant de payer la dot pour son mariage avec Sidi. Comme les jeunes
d’aujourd’hui, il pense qu’il faut automatiquement laisser les vieilles
habitudes pour les nouvelles. Mais, il semble qu’ils oublient que c’est au bout
de l’ancienne corde qu’il faut tresser la nouvelle. Ainsi, traditionnalistes et
modernistes doivent se rendre compte qu’il faut moderniser les traditions sans
pour autant la délaisser pour la modernité.
ü
Le traditionalisme
La
tradition est la transmission de doctrines religieuses ou morales de la coutume
par la parole ou par exemple c’est aussi une manière d’agir ou de penser
transmisse de génération en génération. C’est cela que le traditionalisme fait
l’objet de l’attachement aux idées, aux coutumes transmises par la tradition.
Pour Sidi la tradition exige le payement de la dot avant le mariage. Raison
pour laquelle elle rejette les avances de Lakunle puisqu’il refuse de payer la
dot.
ü La femme
Dans
cette pièce, un autre axe important est celui de la femme vue en tant que
propriété. Dans le système de valeurs traditionnel, la femme est une propriété
comme une autre, qui peut être achetée, vendue ou accumulée. Elle n'a donc
qu'une valeur marchande ou utilitaire. Même le moderniste Lakunle conserve
cette vision traditionnelle, puisqu'il se réjouit de faire une bonne affaire en
croyant pouvoir épouser Sidi sans payer de dot, puisqu'elle n'est plus vierge.
B- Thèmes secondaires
Parmi ces
thèmes, il y a notamment: la polygamie, la beauté, l’amour, la communication,
l’éducation…
ü
L’éducation
Le thème
de l'éducation, dont l'instituteur Lakunle signifie l'importance avec sa place
principale dans la pièce, est un aspect important du clivage entre tradition et
modernité. Les gens éduqués, influencés par les idées occidentales, voient
comme arriérées les pratiques de la tradition et les gens qui les suivent. Les
villageois, vivant dans un système tribal, rejettent cette éducation moderne
dont ils ne voient pas les bénéfices dans leur vie courante.
ü
La
communication
La place
primordiale réservée par l'auteur au chant et à la danse rappelle l'importance
de ces formes de communication dans une Afrique rurale ou la marche à pied
reste encore le moyen de déplacement principal. Cette expression artistique est
aussi souvent la seule distraction d'une jeunesse villageoise désœuvrée.
ü
La beauté
La beauté
est le caractère de ce qui est beau, qualité d’une personne belle, caractère de
ce qui fait éprouver une émotion esthétique. La beauté est l’un des caractères
retrouvés donc incarnés par la belle Sidi qui se retrouve dans le dilemme créé
par l’amour.
ü
L’amour
L’amour, c’est un sentiment vif qui
pousse à aimer, à vouloir du bien, à aider. L’amour est le sentiment que
Lakunle prétend avoir pour la belle Sidi à qui il ne s’empêchait pas de faire
des discours sans fin qui selon lui vise à la convaincre de céder à ses avances
en oubliant la dot.
ü
La
polygamie
Le polygame, c’est un homme uni à plusieurs femmes. La polygamie est un système
social ou un homme peut avoir plusieurs conjointes légitimes. La polygamie est
plus retrouvée en Afrique surtout chez les musulmans et dans les anciennes
entités chez les rois. Il en est de même chez le Baroka qui avait plusieurs
femmes et une multitude d’enfants.
Conclusion générale
Le
Lion et la perle est une pièce théâtrale qui dépeint la vie de villageois
ordinaires sur un mode humoristique. L’action se déroule à Ilunjilè,
un village du Nigéria, en Afrique. Elle se déroule dans les 3
étapes de la journée à savoir le matin, le midi et le soir. L’auteur
y révèle les problèmes d’une Afrique hésitante entre sa tradition et sa
modernité à travers Baroka homme de sagesse traditionnelle et
chef du village et Lakunle un instituteur moderne pour s’attirer les
faveurs de Sidi, la plus jolie fille du village. Une comédie
de mœurs dans la tradition satirique de Molière. Une représentation du combat
entre tradition et modernité.
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